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Bokantaj
15 octobre 2006

Wole Soyinka : « Le discours racial est, hélas, bel et bien vivant »

FORUM

Pour le cinquentenaire du Congrès des écrivains noirs

Wole Soyinka : « Le discours racial est, hélas, bel et bien vivant »

Article paru dans l'édition du 22.09.06 journal le monde



ole Soyinka, écrivain nigérian, Prix Nobel de littérature 1986, président de la Communauté africaine de culture (CAC), était présent, mardi 19 septembre, à la Sorbonne. « Le Monde » a recueilli ce témoignage de filiation à Alioune Diop.

J'ai accepté de devenir président de la Communauté africaine de culture il y a un an, à la requête de Mme Diop et avec les vifs encouragements d'Aimé Césaire. J'ai accepté parce qu'Alioune Diop, un homme immensément respecté qui a succombé à la stupidité du gouvernement militaire du Nigeria lors du Festival mondial des arts nègres (Festac), en 1977, était comme mon frère aîné.

Je remboursais ainsi une dette nationale. Alioune Diop a en effet consacré sa vie au deuxième Festival des arts nègres de 1977. Ses projets ont été contrecarrés : il fut chassé par le régime militaire, responsable de l'organisation d'un événement dont il était incapable de percevoir l'ampleur culturelle, et encore moins d'assumer la prise en charge.

Présence africaine est un espace d'accueil pour l'ensemble de l'Afrique et de la diaspora, c'est-à-dire de la « famille nègre », où qu'on la trouve, la reconnaisse, l'affirme ou la mette en cause. C'est cette identité que l'organisation elle-même s'est efforcée d'exprimer et de diffuser. Présence africaine s'inscrit dans le prolongement de l'activité noire intellectuelle et créatrice du XXe siècle, elle en est l'extension structurelle. Sa revue a ouvert le chapitre de la civilisation, de la culture et de l'histoire africaines. Nous qui appartenons à la génération plus jeune des années 1950, nous sommes ralliés à sa bannière malgré les réserves que nous nourrissions sur certains aspects de sa formulation initiale de la négritude.

La leçon la plus importante du congrès de 1956 est que la race reste une question tenace, que le discours racial est, hélas, bel et bien vivant. Nous devons rappeler, à ceux qui en douteraient, que le racisme est la conséquence des actions des autres, non des personnes d'origine africaine : ces dernières n'éprouvent aucun malaise d'ordre racial, mais elles sont contraintes de répondre à ces gens dont le comportement obéit à une pulsion raciste. Ceux qui ne parviennent pas à comprendre cela devraient regarder ce qu'il se passe au Darfour. »

Recueilli par Valérie Marin La Meslée

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